Bernache du Canada

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Branta canadensis

Branta canadensis
Description de cette image, également commentée ci-après
Bernache du Canada.
Classification COI
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Aves
Ordre Anseriformes
Famille Anatidae
Genre Branta

Espèce

Branta canadensis
(Linnaeus, 1758)

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Statut CITES

Sur l'annexe I de la CITES Annexe I , Rév. du 01/07/75

Statut CITES

Sur l'annexe I de la CITES Annexe I , Rév. du 01/07/1975

La Bernache du Canada (Branta canadensis) est une espèce de grands oiseaux de la famille des anatidés.

Elle est la plus grande des bernaches, ou oies noires. Au Canada, la bernache est familièrement nommée outarde[1],[2], usage attesté dès les récits de Cartier et de Champlain. De nombreux lieux géographiques comprennent le mot outarde. L'usage familier est reconnu par le bureau de traduction du Canada, avec l'observation « bernache du Canada : nom français uniformisé par la Commission internationale des noms français des oiseaux »[3].

Ce nom proviendrait de sa ressemblance avec le mâle de l'outarde canepetière. Il s'agit pourtant de deux oiseaux totalement différents, la bernache étant un oiseau aquatique avec des pattes palmées et un bec rond comme ceux d'une oie alors que l'outarde est un oiseau terrestre avec des pattes non-palmées et un bec pointu ressemblant à ceux d'une poule. Cette confusion remonte à l'arrivée des premiers explorateurs ; elle a donné lieu au nom outarde, que l'on a qualifié de canadianisme de bon aloi[4].

Morphologie[modifier | modifier le code]

Le cou, le bec, et la tête sont entièrement noirs, hormis les joues et la gorge qui sont blanches. La queue est noire, le croupion et le bas-ventre blancs, le reste du corps brun-gris avec des liserés plus clairs. La bernache mesure entre 75 et 110 cm de longueur, a 127 et 185 cm d'envergure, et son bec mesure de 4,1 à 6,8 cm ; elle pèse entre 2,6 et 6,5 kilogrammes[5].

Comportement[modifier | modifier le code]

Relations sociales[modifier | modifier le code]

Dickcissel d'Amérique mâle perché sur un poteau métallique, chantant cou tendu et bec ouvert.

Chants et appels

Chant de la bernache du Canada :

Les œufs ainsi que les jeunes bernaches sont la proie de plusieurs animaux. Dans le Grand Nord, le principal prédateur est le renard arctique. Lorsqu'il a peu de nourriture, il peut voler tous les œufs de plusieurs nids et les cacher pour les manger. Les mouettes et goélands, les labbes, les renards roux, les corbeaux, et parfois les ours, sont aussi des prédateurs.

La bernache du Canada produit des sons en ê-haouc[6].

Régime alimentaire[modifier | modifier le code]

Des bernaches du Canada broutent de l'autre côté de la rivière devant le Parlement canadien.

Le régime alimentaire de la bernache du Canada est végétarien : plantes aquatiques, céréales, graminées.

Comportement reproducteur[modifier | modifier le code]

La bernache du Canada se trouve un compagnon ou une compagne (pour s’accoupler) au cours de la deuxième année de sa vie.

Elle construit souvent son nid sur le sol, près de l'eau, de préférence sur un îlot. Il est fait d'une couche plus ou moins épaisse de branchettes ou d'autres matières végétales trouvées dans les environs et est également tapissé de duvet. La couvée compte habituellement de cinq à sept œufs ; les oiseaux plus âgés ont une couvée plus importante que ceux qui pondent pour la première fois. La femelle couve ses œufs entre 25 et 28 jours, tandis que son compagnon assure la garde à proximité. Parfois, le mâle se tient à plusieurs centaines de mètres du nid, mais il est toujours vigilant et retourne au nid dès que celui-ci est menacé, ou si la femelle doit s’en éloigner. Pendant la période de couvaison, la femelle ne quitte le nid que de brefs moments, pour aller boire, se nourrir, et se laver. Peu de temps après l’éclosion des œufs, les adultes ayant perdu leurs grandes plumes, les familles quittent leur nid et marchent parfois plusieurs kilomètres en quelques jours pour atteindre leur site d’élevage des couvées. Dès qu’ils quittent le nid, les oisons se nourrissent de graminées et de carex dans les prés et le long des rivages. Six à neuf semaines après l’éclosion, les oiseaux sont prêts à s’envoler en famille. À ce moment-là, seule la moitié des oisons aura survécu. La bernache garde son/sa partenaire toute sa vie. Cependant, contrairement à la croyance populaire, si l'un des partenaires est tué, il est possible que l’autre se trouve un nouveau compagnon. En automne, les oiseaux juvéniles volent avec leurs parents et ne s'en séparent qu'à leur retour dans la zone de nidification, au printemps suivant.

Un cas de polygamie a été observé en région parisienne : deux femelles ont couvé des œufs sous la surveillance d'un seul mâle ; les œufs ont éclos à quelques jours d'intervalle et les deux familles se sont regroupées pour former un groupe de trois adultes et neuf oisons (voir photo).

Répartition[modifier | modifier le code]

Répartition géographique
    • Populations indigènes :
  • zone de reproduction, en été
  • zone d'habitat permanent
  • zone d'hivernage

    • Populations introduite :
  • zone de reproduction, en été
  • zone d'habitat permanent
  • zone d'hivernage

La bernache du Canada se reproduit sur tout le territoire de l’Amérique du Nord, sauf dans l’Extrême Arctique et dans les régions de l’extrême sud des États-Unis et du Mexique.

Elle a été introduite en Europe (Royaume-Uni, France, Espagne, etc.)

Habitat[modifier | modifier le code]

Bernaches et goélands en milieu aquatique (Lac Davignon, Cowansville, Québec).

Elle fréquente presque tous les types de zones humides, allant des petits étangs aux grands lacs, ainsi que les marais et les rivières. Elle passe autant de temps – sinon plus – sur la terre que dans l’eau.

Comportement en vol[modifier | modifier le code]

Lors de leur migration, les bernaches adoptent une formation de vol en « V » ; ainsi, celles placées en avant offrent une protection aux suivantes, qui fournissent moins d'efforts car elles profitent des turbulences produites par les ailes de celles en tête. Lorsque les premières sont fatiguées, elles cèdent leur place pour aller se reposer à l'arrière de la formation[7].

Population[modifier | modifier le code]

La population mondiale est estimée entre 5 500 000 et 5 900 000 individus[8].

Taxonomie[modifier | modifier le code]

D'après la classification de référence (version 12.1, 2022) du Congrès ornithologique international, cette espèce est constituée des sept sous-espèces suivantes (ordre phylogénique) :

La Bernache du Canada et l'homme[modifier | modifier le code]

En France, la bernache du Canada colonise les espaces verts en milieu urbain (Lac Frayé à Vigneux-sur-Seine).

Le 15 janvier 2009, un vol de bernaches du Canada a heurté le vol US Airways 1549, le contraignant à amerrir sur l'Hudson[9]. Ces oiseaux ont un poids situé entre 2,6 et 4,8 kilogrammes. Or, les réacteurs de cet avion avaient été construits de manière à pouvoir résister à un choc direct avec un oiseau d'un poids maximal de 1,8 kilogramme.

En France, la bernache est classée nuisible selon l'arrêté du 8 juillet 2013 (JO du 14 juillet) pour une période allant jusqu'au 30 juin 2014[10]. L'arrêté du 2 septembre 2016, consolidé au 17 mars 2019, relatif au contrôle par la chasse des populations de certaines espèces non indigènes, modifie son statut juridique pour la rendre chassable comme les oies tout en étant classée nuisible[11].

Les plumes de la Bernache du Canada, qui offrent l'avantage, par rapport aux plumes d'autres oiseaux, de casser beaucoup moins vite, sont parfois préférées pour la confection des becs de clavecin[12],[13].

Les bernaches sont aussi chassées pour leur viande.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. French Leif Michael, Vocabulaire de la chasse à la sauvagine (gibier et techniques) : enquête linguistique et étude lexicale. Mémoire de maîtrise., Chicoutimi, Université du Québec à Chicoutimi, (présentation en ligne, lire en ligne).
  2. Marie-Éva de Villers, Le Vif désir de durer : Illustration de la norme réelle du français québécois, Québec Amerique, , 339 pages (ISBN 978-2-7644-1784-3 et 2-7644-1784-5, lire en ligne), p. 94.
  3. « Outarde », sur btb.termiumplus.gc.ca, (consulté le ).
  4. Jean-Yves Dugas, Conseil supérieur de la langue française, La norme linguistique : Textes colligés et présentés parÉdith Bédard et Jacques Maurais, Montréal/Paris, Gouvernement du Québec, , 850 p. (ISBN 2-551-05243-2, lire en ligne), chap. XXIII (« La norme lexicale et le classement des canadianismes »), La norme lexicale et le classement des canadianismes.
  5. (en) Thomas B. Mowbray, Craig R. Ely, James S. Sedinger et Robert E. Trost, « Canada Goose (Branta canadensis) », The Birds of North America Online,‎ (DOI 10.2173/bna.cangoo.02, lire en ligne, consulté le ).
  6. Jiří Félix, Oiseaux des Pays d'Europe, Paris, Gründ, coll. « La Nature à livre ouvert », , 320 p., 22 cm × 30 cm (ISBN 2-7000-1504-5), p. 87.
  7. Faune et flore du pays - La Bernache du Canada.
  8. (en) Canada Goose (Branta canadensis), sur BirdLife International.
  9. 4e mise à jour du rapport du NTSB, parue le 12 février 2009 : Communiqué de presse du NTSB du 12 février 2009.
  10. La France agricole du 09 août 2013.
  11. « Arrêté du 2 septembre 2016 relatif au contrôle par la chasse des populations de certaines espèces non indigènes et fixant, en application de l'article R. 427-6 du code de l'environnement, la liste, les périodes et les modalités de destruction des espèces non indigènes d'animaux classés nuisibles sur l'ensemble du territoire métropolitain. », sur Journal officiel de la République française (consulté le ).
  12. « La Bernache du Canada », sur fngp.fr.
  13. Christophe Huss, « Le rappel des oiseaux, Luc Beauséjour », Le Devoir,‎ (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Anderson B.W. (2010) Evolution and Taxonomy of White-cheeked Geese. Avvar Books, Blythe, 495 p.
  • Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec., Paramètres d’exposition chez les oiseaux – Bernache du Canada : Fiche descriptive, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec, , 17 p. (lire en ligne)
  • (en) Hanson H.C. (2006) The White-cheeked Geese. Taxonomy, Ecophysiographic Relationships, Biogeography, and Evolutionary Considerations Volume 1. Avvar Books, Blythe, 420 p.
  • (en) Hanson H.C. (2006) The White-cheeked Geese. Taxonomy, Ecophysiographic Relationships, Biogeography, and Evolutionary Considerations Volume 2. Avvar Books, Blythe, 692 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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